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mercredi 1 juillet 2015

Gaulois contre Romains : pour en finir avec le mythe de la "Pax romana"

Gaulois_contre_Romains.jpg
Afin d'en finir une bonne fois pour toutes avec le mythe ô combien galvaudé de la prétendue "Pax romana", la lecture d'un ouvrage fort bien documenté de Joël Schmidt, paru en 2004, pourra s'avérer des plus édifiantes et des plus profitables, même aux personnes les plus sceptiques et/ou les plus conditionnées dans le cadre d'un sujet historique de plus en plus controversé. Le titre de l'ouvrage en question, pour être des plus sobres, n'en est pas moins particulièrement éloquent : "LES GAULOIS CONTRE LES ROMAINS : LA GUERRE DE 1000 ANS". Au fil des pages de ce livre captivant, l'auteur s'emploie méthodiquement à démonter la fable éculée d'une période "de paix et de prospérité" qui, cinq cents ans durant, aurait suivi l'invasion romaine de la Gaule à partir de son accomplissement en l'an 52 avant l'ère chrétienne, pour ne s'achever que dans la tourmente des "Invasions barbares" et de la chute de l'Empire, en l'an 476 de l'ère vulgaire. Références précises et vérifiables à l'appui, Joël Schmidt expose ici avec brio le déroulement d'événements aussi bien ignorés du grand public que volontairement passés sous silence par l'historiographie officielle.

Si les données archéologiques témoignent indiscutablement du fait que les centres urbains des Gaules, pour la plupart fondés par l'Occupant à partir d'oppida gaulois préexistants, furent profondément marqués par l'empreinte romaine, si ces mêmes données archéologiques attestent l'existence d'une indéniable "fusion" civilisationnelle, et même d'un syncrétisme religieux assimilant une grande partie du panthéon celtique local au panthéon romain, elles ne doivent pas pour autant occulter le fait que ces quelques siècles de domination latine n'entraînèrent en aucune façon la disparition totale de l'identité et des particularismes culturels des autochtones, pas plus qu'ils ne mirent un point final aux velléités de ces derniers de recouvrer leur indépendance perdue. N'en déplaise aux adeptes inconditionnels de la romanité et de l'héritage civilisationnel gréco-latin, l'irrédentisme gaulois n'est pas, tant s'en faut, qu'une plaisante invention inhérente aux bandes dessinées d'Astérix et Obélix, mais correspond bel et bien à une réalité historique.

La vérité est que les cinq siècles que durèrent la soi-disant "Pax romana", loin de correspondre au cliché idyllique d'une période de stabilité et de "progrès" civilisationnel sans précédent, loin d'asseoir la supériorité définitive des fondements de la civilisation romaine sur l'identité culturelle rudimentaire, forcément primitive et grossière, de prétendus "barbares", furent sans cesse émaillés d'actes de rébellion, d'insurrections et de soulèvements armés qui, jusqu'au bout, n'eurent de cesse de mettre à mal l'autorité de l'Empire sur les diverses régions placées sous son joug. Non seulement ces actes d'insoumission et de révolte se succédèrent à un rythme effréné durant toute la période d'occupation, mais de surcroit, les différents peuples gaulois essayèrent toujours, dès les premiers signes d'affaiblissement de l'autorité impériale apparus au cours du IIIème siècle de l'ère chrétienne, de faire purement et simplement sécession avec l'Empire, afin de recouvrer leur souveraineté perdue. C'est ainsi que l'on vit même se produire, au cours des derniers siècles de l'Empire moribond, des initiatives plus ou moins éphémères émanant d' "empereurs gaulois" qui, s'ils se refusèrent toujours à rompre avec les valeurs romaines, n'acceptèrent pas, de facto, de prêter allégeance à l'autorité centrale, et entendirent ainsi, au-delà de leurs ambitions personnelles, affranchir leurs peuples respectifs de la tutelle de Rome.

Pour conclure au mieux cette brève présentation du remarquable ouvrage de Joël Schmidt, voici à présent une reproduction du résumé figurant en quatrième de couverture :


"Sur le conflit qui oppose les Gaulois aux Romains, on ne connaît généralement que l'épisode de la conquête des Gaules racontée par César et qui se déroula pendant huit ans au milieu du 1er siècle av. J. -C. Or, c'est dès 390 av. J. -C. que le Gaulois Brennus et ses troupes occupèrent durablement Rome et prononcèrent l'humiliant " Vae victis ", " Malheur aux vaincus ". La prise de Rome fut la cause d'un traumatisme irréductible, sans cesse rappelé par tous les historiens de Rome, notamment par le plus grand d'entre eux, Cicéron. A partir de cet événement majeur, se succédèrent les péripéties d'une lutte inexpiable au cours de laquelle les Gaulois, rêvant toujours de réoccuper Rome, s'allièrent par les armes et la diplomatie à tous les adversaires des Romains : Carthaginois avec Hannibal, Grecs avec le roi Persée, Germains ou Barbares lors des grands invasions des IIe et IIIe siècles de notre ère.
L'auteur démontre également que la prétendue romanisation de la Gaule, thème sans cesse rabâché par les historiens, fut un leurre ou tout au moins une légende : en réalité, il y eut sans cesse des révoltes gauloises contre l'Empire romain. Pendant dix siècles, liberté et indépendance furent les mots d'ordre constants des chefs gaulois. Si les Gaulois furent toujours vaincus parce qu'ils opposaient leur masse aux tactiques éprouvées des légionnaires romains, ils ne renoncèrent jamais à harceler par tous les moyens possibles l'occupant romain, jusqu'à la chute de Rome au Ve siècle de notre ère."


Enfin, pour approfondir la question, on pourra également lire avec profit la non moins remarquable étude de Maurice Bouvier-Ajam publiée pour la première fois au début de l'année 2000, et consacrée précisément  au phénomène des "empereurs gaulois" au cours de la seconde moitié du IIIème siècle de notre ère, entre l'an 260 et 274. Quatrième de couverture :

"260 après J.-C : l'Empire romain est en crise. L'époque où la grandeur de Rome s'affirmait de l'Angleterre au désert de Judée est révolue. Les incursions barbares se font de plus en plus fréquentes, le pouvoir impérial risque de vaciller. Coupées de l'Italie par l'invasion des Alamans, les provinces gauloises et les légions stationnées sur le Rhin proclament empereur un noble d'origine gallo-romaine, Postumus. Ce général s'empare du pouvoir et installe sa capitale à Trèves, il domine alors les Gaules, l'Espagne et la Bretagne. Pendant quinze ans, Postumus et ses successeurs, Victorinus (268- 270) et Tetricus (270 -274), se comporteront en souverains légitimes, refusant toutefois de rompre avec les valeurs romaines. Ils revêtiront les pouvoirs et titres des empereurs, frappant monnaie, organisant la vie civile, assurant la protection du pays. Toléré un temps parce qu'il protégeait l'Italie des peuplades germaniques, l'Empire gaulois représentait un véritable défi à l'autorité de Rome. Aurélien, symbole de la restauration du pouvoir impérial autoritaire, vint à bout de cette sécession en 274. L'Empire gaulois avait cessé d'exister. Fortement influencée par les auteurs latins, l'Histoire présenta souvent la Gaule comme une simple province romaine. C'était faire abstraction de l'esprit de résistance révélé par cet épisode trop souvent absent de nos manuels. Le rapport de force étant défavorable à l'Empire gaulois, ce dernier fut anéanti. Il mit pourtant en évidence la fragilité de l'Etat romain, annonçant sa chute prochaine. "
Gaulois_empereurs.jpg
Même s'il convient bien évidemment, dans un souci d'honnêteté intellectuelle, d'établir une certaine distinction entre ce qui relève d'une part des multiples révoltes gauloises, empreintes d'un esprit profondément celtique, et d'autre part des expériences sécessionnistes opérées sous l'égide d' "empereurs gaulois" successifs, plus ou moins romanisés, le même souci d'honnêteté intellectuelle impose également la déduction suivante : loin d'avoir disparu corps et âme en se fondant dans le creuset civilisationnel dit gallo-romain, le sentiment identitaire gaulois, d'essence celtique continentale, a non seulement survécu -au moins en partie- à la conquête romaine, mais s'est de surcroit maintenu plus ou moins ouvertement pendant toute la période qu'aura duré l'occupation des Gaules. Et plus encore, il parvint même à survivre à la désintégration de l'Empire romain d'Occident en l'an 476 de l'ère chrétienne, alors même que ladite civilisation gallo-romaine avait commencé, dès le IIIème siècle, à intégrer en son sein un nombre conséquent d'éléments ethno-culturels germaniques, portés jusqu'à elle par diverses vagues de peuplement venues d'outre-Rhin.

La prise en compte des faits historiques brièvement évoqués dans le cadre du présent article -et développés dans celui des deux études qui y sont présentées- nous invite donc à l'abandon d'un certain nombre d'idées reçues. Au premier rang de ces idées reçues figure le fait que l'histoire de l'espace territorial qui allait par la suite devenir la France, comme beaucoup plus tard le royaume de Belgique actuel, ne saurait commencer avec la conquête romaine. D'autre part, les divers peuples constituant l'actuel "Hexagone" ne sont aucunement dépositaires d'un héritage ethno-culturel et civilisationnel qui ne serait que d'essence romaine, et donc latine. Toute l'histoire de l'opposition multiséculaire entre Gaulois et Romains, entre monde celtique et monde latin, le démontre de façon on ne peut plus claire. A ce titre, même en ne se bornant qu'au domaine linguistique, la bonne foi la plus élémentaire devrait obliger tout un chacun à admettre une évidence des plus criantes : si, de par sa structure générale, il convient certes de classer le français parmi les langues dites romanes, cette langue française, issue de la fusion de langues d'Oc et de langues d'Oïl, elles-mêmes comprenant de nombreux apports germaniques et celtiques continentaux, est incontestablement la moins latine de toutes les langues romanes. 

Même s'il convient bien entendu d'écarter l'excès inverse, qui consisterait à nier purement et simplement tout apport romain/latin dans la substance de l'actuelle identité française, force est d'y reconnaître également la présence tout aussi persistante qu'importante d'un vieux fond celtique continental (gaulois). Ce sont précisément ces trois éléments constitutifs, celtique/gaulois, latin/romain, puis germanique, qui en constituent les piliers fondamentaux et qui, par là-même, en font toute la spécificité. Faire fi d'une partie ou de l'autre de cet héritage triple, ce n'est ni plus ni moins qu'un déni de réalité, sur fond de parti pris et d'amnésie plus ou moins volontaire. 

Monde celtique et monde latin, s'ils peuvent dans une certaine mesure fusionner, voire se compléter, n'en constituent pas moins deux pôles diamétralement opposés de l'indo-européanité . Le paradoxe, la singularité de la civilisation dite gallo-romaine (et belgo-romaine), c'est d'être parvenu à faire une synthèse de ces deux pôles opposés, tout en demeurant fondamentalement elle-même, en ne reniant jamais totalement son vieux fond gaulois, et tout en l'enrichissant, par la suite, d'une part non-négligeable de germanité. Mais c'est aussi parce que les Celtes des Gaules, les Gaulois et autres Celto-Germains comme les Belges, ne succombèrent jamais totalement à l'assimilation et à l'acculturation romaines qu'ils purent, au final, préserver un héritage ancestral qui reste en grande partie le nôtre.

Hans CANY
2 juillet 2015 E.V.




    

mercredi 20 mai 2015

Dartmoor : Un cromlech plus ancien que Stonehenge ?

A proximité su Sittaford Tor qu'on aperçoit au loin à l'arrière-plan,
un cercle de pierres renversées.
(Photo : parc national du Dartmoor)
 
 
Jusqu'alors passé inaperçu, un cromlech inconnu, cercle de pierre remontant à la nuit des temps, a récemment pu revoir le jour dans le parc national du Dartmoor, situé en Angleterre méridionale. Des archéologues ont révélé que celui-ci pourrait être au moins d'une ancienneté similaire à celle du fameux cercle de trilithes de Stonehenge, voire plus ancien encore. Pour ces scientifiques, ces vestiges démontrent que le secteur, aujourd'hui un parc national renommé, faisait jadis partie du territoire d'une grande civilisation avancée.
 

Les tests géophysiques sur le site du Sittaford Tor ont permis
aux chercheurs d'avancer une ancienneté d'au moins 4000 ans
(Photo : parc national du Dartmoor)
 
Les mégalithes composant le cercle sont tous renversés, de sorte qu'ils sont restés durant des siècles cachés par une végétation envahissante. C'est à la faveur d'un feu contrôlé, technique de brûlis destinée à dégager le terrain, que ces pierres tombées à terre ont été exhumées en 2007, de façon tout à fait fortuite. Les datations provisoires, évaluées sur la base d'analyses au carbone 14 de prélèvements effectués dans le sol, ont permis d'établir que le monument est âgé d'au moins 4000 ans, si ce n'est plus.
 
Prélèvements dans le sol du monument,
permettant d'établir des datations au radiocarbone.

 
D'un diamètre de 34 mètres, c'est le second plus grand cercle de pierres découvert à ce jour dans le parc national du Dartmoor, qui compte au moins quinze structures mégalithiques analogues.
 


Réalisée à partir de photos aériennes prises par un drone,
la reconstitution 3D ci-dessus,
que l'on doit à un Britannique du nom de Matt Cranfield,
présente de façon très claire le cromlech dans son état actuel,
mais aussi tel qu'il apparaissait avec ses pierres redressées.
 
 
Toutes les pierres sont renversées dans la même direction, ce qui suggère qu'elles ont été délibérément abattues, à une date qui reste à déterminer. Ont-elles été jetées à terre pour une énigmatique raison religieuse dès la nuit des temps ?  Ont-elles été vandalisées par un ennemi, suite à une très ancienne invasion ? Ou bien encore, le monument a-t-il été victime du fanatisme chrétien médiéval, souvent si prompt à saccager tout vestige de l' "idolâtrie païenne" ? Au stade où en sont pour le moment les recherches, il n'est à ce jour pas possible de répondre de façon certaine à ces questions.
 
De nouvelles analyses plus détaillées du site permettront peut-être
d'en apprendre plus sur les pratiques spirituelles des peuples britanniques
de la fin du Néolithique et de l'Âge du Bronze.
 
 
Les chercheurs pensent en outre que ce cercle de pierres faisait partie d'une vaste figure, sorte d' "arc sacré" formé par un ensemble de monuments du même type. La carte suivante permet de se faire une idée plus précise de la structure, et de l'emplacement du cromlech de Sittaford.

 


Il faut en effet savoir que le parc national du Dartmoor compte au moins une quinzaine de cercles de pierres. Néanmoins, cela faisait plus d'un siècle que l'on n'avait plus découvert de "nouvelle" structure semblable sur le site. A ce titre, la mise au jour de celui du Sittaford Tor, demeuré enfoui, caché au regard des mortels durant tant de siècles, constitue à fortiori un évènement archéologique exceptionnel.
 
Le cercle de pierres de Scorhill
(Parc national de Dartmoor, Angleterre)
 
Autre cercle de pierres du parc national de Dartmoor
 
 
Cercles de pierres de l'Âge du Bronze, parc national de Dartmoor
 
 "Tor" est un terme local d'origine celtique, qui signifie littéralement "colline", ou affleurement de roche. Il peut tout aussi bien s'agir de formations géologiques ou d'éminences naturelles, cas les plus fréquents, que de tumuli, de cairns ou de petites collines artificielles érigés de mains d'hommes, à une époque fort reculée. Et bien entendu, nombre d'entre eux ont fait jadis l'objet de sacralisations et de pratiques cultuelles. La région du Dartmoor, en sus d'être connue pour la rudesse de son climat, l'est aussi pour ses fameux "tors". Il est même un groupe musical de rock gothique assez réputé qui, sans doute inspiré par le caractère mystique de ce lieu nimbé de légendes et de mystères, s'était baptisé en son temps TORS OF DARTMOOR. Ceci témoigne de la renommée du site anglais, lequel demeure néanmoins méconnu du grand public francophone. Pourtant, l'étendue de cet ensemble et le nombre de monuments mégalithiques qui le composent indiquent de façon certaine qu'il s'est longuement agi ici d'un centre cultuel de première importance. Les vestiges que l'on y trouve n'ont certes pas le gigantisme imposant de l'illustre cercle de Stonehenge. Mais c'est un lieu étrange, voire "magique". Un de ceux, exceptionnels, sur lesquels souffle l'esprit, pour reprendre une jolie formule de Maurice Barrès. Les landes sauvages et désolées du Dartmoor nous livreront-elles un jour quelque secret oublié ?  Nous en diront-elles plus sur les us et coutumes, sur les croyances spirituelles de nos lointains aïeux ?
 
Les cromlechs constituant l' "arc sacré" du parc national
de Dartmoor forment presque tous des cercles parfaits
 

Ces lieux trop longtemps négligés méritent en tout cas qu'on leur accorde enfin toute l'attention qu'ils méritent, eu égard à leur caractère exceptionnel, voire unique. Et si, d'aventure, vous voyagez dans le sud-ouest de l'Angleterre, n'omettez pas d'aller leur rendre visite. Situés dans une magnifique région, aux portes des Cornouailles, ils valent assurément le détour.
 
Hans CANY

 

Contexte géographique :
le parc national du Dartmoor, en vidéo.