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vendredi 19 février 2016

Les serpents mégalithiques du Manio et de Gavrinis


  
A l'extrémité est des alignements mégalithiques de Kermario situés à Carnac (Morbihan, Bretagne) se trouvent les vestiges d'un tumulus très arasé par l'érosion, connu sous le nom de tertre du Manio.

Intégré de fait aux alignements, sa construction leur est néanmoins antérieure. Ce tertre, entouré de petits mégalithes affleurants, est dominé par un remarquable menhirs de 4,5m de haut, dont la grande particularité est d'être gravé sur sa base, partie enterrée, de cinq lignes ondulantes serpentiformes.

C'est pourquoi on le nomme menhir aux serpents.


Devant le menhir, les fouilles menées en 1922 ont permis de mettre au jour cinq haches de pierre polie, enterrées avec le tranchant tourné vers le haut. Une ouverture aménagée au pied du menhir permet d'aller observer in situ les représentations serpentiformes, en se glissant dans une sorte de fosse entourée de larges dalles de pierre.

 Ci-dessus : la base gravée, jadis enfouie,
du Menhir aux Serpents (Tertre du Manio).

Ces étranges lignes représentent-elles bien des serpents ? Si oui, doit-on les interpréter comme la manifestation d'un énigmatique culte ophique*, ou bien faut-il plutôt, de façon plus osée, les mettre en rapport avec la symbolique du serpent, associé depuis la nuit des temps aux forces telluriques ?

Pour les partisans de la thèse du culte orphique, laquelle n'exclut d'ailleurs nullement l'hypothèse du serpent des forces telluriques, les alignement de menhirs, formant des lignes sinueuses et non rectilignes, constitueraient eux-mêmes des représentations géantes du serpent, les cercles de pierres que l'on retrouve fréquemment à leurs extrémités représentant quant à eux un oeuf, sans doute gobé par le serpent. Le serpent des forces de la terre-mère avalant l'oeuf cosmique de la création, comme dans les mythes des Aborigènes d'Australie ? Il serait pour le moins hasardeux de valider pleinement une telle théorie, qui ne repose pour l'heure que sur le ressenti ainsi que sur l'interprétation visuelle de quelques chercheurs et auteurs, éminemment minoritaires.


D'autre part, c
ertaines spéculations, qui pourraient s'avérer au moins en partie exactes, postulent le fait que les mégalithes, menhirs, dolmens et autres structures composites (tumuli, cercles de pierre,  quadrilatères etc) ont été dressés sur des champs, voire des lignes de courant tellurique, jalonnant leurs parcours ou marquant des "nœuds", zones d'intersection entre deux courants ou plus.

Le serpent, animal chtonien** par excellence, semble tout indiqué pour symboliser ces forces telluriques au pied de certains mégalithes, si toutefois les forces en question ont véritablement été conçues, perçues et prises en compte par les peuples de la fin du néolithique qui ont érigés les monuments, et dont la tradition culturelle, de transmission orale, s'est aujourd'hui perdue dans les limbes et méandres du temps.

 On notera avec intérêt que des figurations serpentiformes analogues se retrouvent à la base du montant N° 8 du remarquable dolmen au piliers gravés, recouvert d'un cairn imposant, qui se situe sur la fameuse île de Gavrinis, dans le Golfe du Morbihan.


Ci-dessus : Pilier N°8 du dolmen du
cairn de Gavrinis.

    
Profondément incisées dans la pierre, ces figures ondulantes, dont l'aspect serpentiforme est flagrant, évoquent-elles les forces telluriques qui se manifestent à l'endroit où la base de la pierre s'enfonce dans la terre-mère, tout comme ce serait également le cas au tertre du Manio ?

Ci-dessus : Détail de  la base du montant N°8,
cairn de Gavrinis.

Ce qui ressemble à des haches préhistoriques, que l'on retrouve sur plusieurs montants du dolmen sous des combinaisons variables (tantôt seules tantôt par paires, tantôt les haches toutes orientées vers le haut ou vers le bas, tantôt tête-bêche etc), et que l'on peut justement observer à gauche des gravures serpentiformes, constituent-elles une forme de proto-écriture dont le sens nous échappe  aujourd'hui totalement ? S'agit-il de symboles ésotériques, ou magiques ?

Et si les "serpents" de la base représentent bien les forces telluriques de la terre-mère, faut-il donc envisager que le foisonnement de sculptures de courbes concentriques, évoquant des empreintes digitales, qui ornent la quasi totalité de la surface du pilier représentent en fait les "ondes" émises par l'énergie de la terre ?


Voila une hypothèse hardie qu'il serait bien présomptueux de développer outre mesure, à l'heure actuelle, en l'absence de tout élément probant qui pourrait venir l'étayer de façon décisive. Mais qui sait ? Même si les chances d'en apprendre davantage dans le futur paraissent hélas fort minces, rien n'interdit d'espérer qu'un beau jour une découverte inespérée viennent enfin lever le voile sur ces mystérieuses gravures pariétales.

En attendant, à chacun d'en déduire, voire d'en conclure ce qui lui semblera plausible et probable, sur la base de son intuition ou de son intime conviction, à défaut de rigueur scientifique.  A Manio comme à Gavrinis, la figure du serpent est étroitement associée aux monuments, et semble être en lien avec l'univers souterrain. Mais bien malin celui qui pourra, dans l'état actuel de nos humbles connaissances, formuler à ce sujet de quelconques certitudes, que cela soit dans un sens ou dans l'autre.

Le mystère impénétrable de ces pierres levées, obstinément muettes depuis la nuit des temps malgré tous les efforts déployés pour les faire enfin parler, n'en fait-il pas, tout compte fait, une grande partie du charme ? Les serpents qui les ornent resteront sans doute encore longtemps les gardiens de leurs secrets multimillénaires.

Hans CANY




* : Ophique se dit d'un culte dont le serpent est objet de vénération.

** : Chtonien est un adjectif se rapportant au monde souterrain.