Le champ mégalithique de Wéris-Oppagne, situé en région Famenne, en Ardenne, est le plus important ensemble mégalithique de Belgique. Il comprend deux remarquables dolmens de type allées couvertes, accompagnés de menhirs, et six autres sites comprenant uniquement des menhirs. A cela s'ajoutent plusieurs "pierres à légendes", souvent des affleurement rocheux de formes inhabituelles, et qui au fil du temps ont fait l'objet de croyances et de superstitions.
Les mégalithes comme les pierres naturelles sont tous constitués de poudingue, une roche extrêmement robuste, composée de galets liés entre eux en un véritable béton naturel. Cette roche étant impropre à la construction, ceci explique que le site ait été en partie préservé, et que les vestiges qui nous sont parvenus soient dans un remarquable état de conservation.
La datation officielle des monuments les place dans la première moitié du IIIème millénaire avant l'ère chrétienne. C'est à dire à la charnière entre néolithique final (préhistoire) et Ages du cuivre et du bronze (protohistoire).
L'ésotériste Paul de Saint Hilaire a présenté cet ensemble comme reproduisant au sol le plan de la Grande Ourse, chaque pierre ou ensemble de pierre représentant une ou des étoiles de la constellation, et étant donc en relation avec les autres, en fonction de considérations d'ordre astronomique. Théorie a priori séduisante, nonobstant le fait qu'elle place sur le même plan des roches naturelles et des constructions mégalithiques, ce dont la pertinence est loin d'être démontrée. La théorie de Saint Hilaire désigne en outre une simple fontaine comme constituant l'un des points de cette figure, ce qui est pour le moins discutable. Enfin, elle inclut dans le plan d'ensemble les trois menhirs d'Oppagne, alors que les recherches semblent bien indiquer que ces derniers n'occupent pas actuellement leur emplacement d'origine...
Bref, le mystère continue de planer, au moins en partie, sur l'ensemble mégalithique de Wéris. Et peut-être est-ce mieux ainsi ?
Voici à présent un rapide tour d'horizon des principaux sites à voir.
Bref, le mystère continue de planer, au moins en partie, sur l'ensemble mégalithique de Wéris. Et peut-être est-ce mieux ainsi ?
Voici à présent un rapide tour d'horizon des principaux sites à voir.
Le "Lit du Diable",
ou "Paillasse du Diable"
Cet étrange affleurement rocheux de poudingue local est naturel, mais il a peut-être été légèrement retaillé de main d'homme, comme pour le creuser ou l'aplanir. S'est-il agi d'un polissoir, et/ou d'une sorte d'"établi" de pierre ? Ou bien s'est-il agi d'un sinistre autel sacrificiel, comme l'ont avancé certains, y compris des chercheurs considérés comme "sérieux" ?... La forme générale de la pierre, évoquant une sorte de lit, est en tout cas à l'origine de légendes et de superstitions, d'où son nom.
La "Pierre Haina"
Il s'agit d'un curieux éperon rocheux naturel situé au sommet d'une éminence. Les arbres que l'on distingue juste derrière masquent le fait que la pente y est très abrupte, presque à pic. La montée, pour y parvenir, est donc relativement rude. Cette "Pierre Haina", semblable à un énigmatique visage figé depuis des millénaires, est visible de la vallée en contrebas, lorsque l'état de la végétation le permet. Bien que naturel, cet éperon rocheux a peut-être lui aussi connu partiellement la main de l'homme. Il a sans doute été l'objet lui aussi de croyances et de superstitions. La coutume qui veut que les habitants de Wéris viennent chaque année blanchir la pierre en la badigeonnant de chaux est sans doute la survivance d'une pratique cultuelle très ancienne, dont le sens nous échappe aujourd'hui.
Le dolmen nord
Flanqué de son "menhir indicateur", il s'agit d'une superbe allée couverte, remarquablement conservée.
Le dolmen sud. Il est situé au fond d'une petite dépression ellipsoïdale, ce qui se distingue très bien ici.
A Pas Bayard, bourgade située entre Wéris et Oppagne, on peut retrouver, en cherchant un peu, le "Pas Bayard", curieux rocher sur lequel, selon la légende, le Cheval Bayard, portant les quatre fils Aymon, aurait imprimé la marque de son sabot (une large rainure, bien visible sur la photo). S'agirait-il en réalité d'un polissoir préhistorique ?
Les trois menhirs d'Oppagne.
L'arbre au pied duquel ils se dressent est un "arbre à loques", auquel se rapportent des superstitions de guérison. C'est pour cette raison que l'on peut apercevoir de multiples rubans et morceaux de tissu noués à ses branches.
Pour conclure, une excursion sur les lieux sommairement présentés dans le cadre du présent article ne saurait s'achever sans un passage par la Maison des Mégalithes (http://www.weris-info.be), un excellent et fort sympathique petit musée situé au cœur de la commune de Wéris, dont je vous recommande vivement la visite. Saluons enfin le travail remarquable fourni en permanence par toute une équipe de scientifiques et de passionnés, pour la préservation et la mise en valeur de cet incontournable fleuron du patrimoine archéologique wallon.
Hans CANY
(Texte et photos : Hans CANY)
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